Les poèmes du confinement

Jour 54

Touche-moi sans me toucher (bis)

Regarde un peu poème
Assieds-toi
Ça fait des semaines que l’on n’a pas causé
Décembre juin septembre et mars
Sur mon velux
M’ont fait d’étranges défilés

Le voisin n’a pas de visage
Mais un parapluie en bonne santé
Je l’ai vu faire les cent pas
Rituellement
Le long de ses haies
Je galère à t’imaginer titi
Ton corps devenu abstraction
Je suis vert et toi orange
J’aimais cette couleur jusqu’à présent
Parlons sevrage, patience et reproche

Sans s’approcher
J’irai au bonheur désert
des salons de coiffure
Dans la ruée
Et comme l’appartement abandonné de la ville
Payer les cache-misère

Mon persil a crevé de jour
J’ai renoué avec un frère
Je ne suis pas très appels
Et préfère rappeler

Vivi et Aurore vont bien 🙂
Il a plu des torrents
Mais je n’entends plus le courant d’eau du fond des bois
Dans la chambre aussi
Ça flotte, flotte
Peu m’importe
Que ces amers longent
Son dos dévalé
Et que le sexe d’ombre
Soit une fiction devenue trop discrète
Tous les aprèms
j’observe
La colonie de mésanges de la cheminée
Me manque le sale de la porte d’entrée
Que j’aime
Qui me dérange
Ce soir une lune claire et chaude
Gaspille la nuit-éclair

Ma campagne trinquera l’heure disparue
Et prend une saveur de satiété

Maxime Paillassou, 9 mai 2020