Jour 22
La journée passe sur le carreau le front appuyé sur le
monde qui s’effondre ou se restaure on ne sait pas trop
on sort la longue vue pour voir au loin ce dont on va
avoir besoin demain du recul ?
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Ensemble on perd l’orientation regroupés sur un
carrousel et chacun vole à sa façon vers l’aube ou le
crépuscule parfois on croise une étoile.
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On ne peut pas manger juste un petit quelque chose si
on commence on a envie que ça continue alors mieux
vaut finir et sortir fièrement du frigo.
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On se balance sur le lustre au réveil on va se faire beau
pour le jour qui se lève avant d’envisager se rendormir
dans une chaussette.
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On pique une tente en plein salon et dans l’igloo on
établit une communication gutturale pour dire merci de
ne pas déranger et de livrer la nourriture directement
dans le gros abdomen.
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Dans le couloir on créé des parcours avec obstacles
domestiques les chevilles lestées par l’épaisseur du
temps on bat la steppe avec les bras au fur et à mesure
des déserts surgissent.
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Le corps rempli d’obligations on passe d’une chose à
son contraire et sur le front on dessine un judas en guise
de troisième œil.
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Pas de dates mais un numéro pour parler seul au bout
du fil dire la vie dans l’enclos les mots comme des
vaches et plus de train.
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On meurt dans son coin mais on peut partager les
fumées sur les balcons pour faire des cérémonies
conviviales pendant que ceux qui ont le pouvoir
réfléchissent.
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On est visé par la question on tend la feuille et justifie
le jogging avec le chien dans les rayons pour la santé
mais si vous préférez on peut aussi distribuer des
couronnes à l’entrée.
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Pris en otage dans une bouche en tissu on n’arrive pas à
écouler l’anxiété pourtant tout va bien peut-être même
mieux que d’habitude alors la ferme.
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Le coude mouché on a déjà fait trois fois le tour du nez
on fatigue les entrailles donnent l’alarme mise en veille
de l’industrie individuelle cellule après cellule la
bohème se réveille.
Florentine Rey, 7 avril 2020