Les poèmes du confinement

Jour 44

Je tremble un peu, c’est vrai, en traçant ce sonnet
sur – à l’entrée du parking de Leroy Merlin –
le vigile, attendant tout le jour les pékins
– visage mangé par un masque et un bonnet

noir – comme moi (tous Blancs ?) qui viennent frissonner
en refaisant des stocks de joints, par packs de vingt.
(Ma chasse d’eau fuyait depuis hier matin)
J’ai baissé le foulard qui me couvrait le nez

Répondu à l’énigme avec mon numéro
De commande : dans l’allée B, place zéro,
J’ai chargé mon colis sous l’œil de mes gardiens.

Et quand, le soir, je repense – dans mon confort
Hydro-alcoolique – aux confinés du dehors
Je rêve d’un sonnet disant leur quotidien.

Guillaume Condello, 29 avril 2020