Les poèmes du confinement

Jour 42

mais ne perdons soûlas ni joye
de recolliger les arts et
manières de vivre un virus
en ce monde en rouvrant les bras
du collectaire moleskine,
ce 27 avril, par manière
de nouvelles récréations
en de joyeux devis cronicques

où la mort n’est plus qu’un grand chiffre
au compteur des médias ; mais que
sont Darrieusecq et Slimani
devenues, si tourmentées d’être
confinées en villégiature,
jà pieça qu’on n’en parle plus ;
or, 242 morts
de plus, ça baisse, dit-on, bigre,

n’omettons pas le reste et quoy :
« un bicot comme ça, ça nage
pas », ratonne l’interpellante
force de l’ordre, eh, défilantes
journées qui engourdissent bien
les esprits qui s’occupent au jeu
des 10 couvertures de livres
ou de pochettes de disques ou

qui envoient des mirlitonnades
de cadavres exquis, mais quoy diantre,
ça sent rude l’ennuy ; quand peu
se parle des banlieues qui flambent
par ennuy, ni des Navajos
envahis dans leurs réserves et
décimés par le virus, ni
des 9 000 morts pas comptés…

Jean-Pascal Dubost, 27 avril 2020