Les poèmes du confinement

Jour 28

« Que confie la Rennes au Parlement ? »

Que confie la Rennes au Parlement ?
– Que les fleurs ont un empire qui danse.
Que c’est l’heure où le soleil coule.
Qu’il pointe sur le cadran son ombre qui pense.
Que l’heure où la rose s’enroule aux bleus massifs,
Aux bleus superlatifs suinte l’impatience.
Et que s’agitent, parmi les tiges,
Quelques mouches molles et quelques bourdons lourds.
Aux collerettes bleutées, aux gorges
Où la lumière dégorge,
La faune a envahi
Les anémones.
Les yuccas font des flèches
Et l’herbe y a ses mèches où le soleil prend feu.
Sous les pierres,
Les guirlandes et les cloches décochent leurs traits verts.
Les ombres et leurs couteaux
Recouvrent d’un manteau
Un petit nombre d’enfants
Et leur pas croustillant.
Tandis que le jour darde aux cerisiers,
La garde assure les jeux dans les carreaux d’azur.
Un fol insecte crisse?
Trois fenêtres s’ouvrent.

Tandis que par ce temps la mélodie empire,
dans ce fracas de fleurs, le soleil fou,
Des hommes jouent au roi du silence.
Chhhhhhhhhhhh !
Certains font même la roue dans la balance.

***

– Tandis qu’avec le temps la maladie empire,
toutes les ombres s’étirent au Parlement.
Toutes les ombres s’étirent.

En pierre, les bancs attendent…

Marie-Reine Grenier, 13 avril 2020