Les poèmes du confinement

Jour 3

Rue de la Comédie

Dans la rue déserte : une petite fille crie.
J’ai peur : souffre-t-elle tellement ?
Mais non : c’est un caprice d’enfant.
Elle joue le nom de la rue : la Comédie.

Je demande : Y a quelqu’un ?
On me répond : Pour l’instant, oui !
Aussitôt, j’entre : voir des gens, youpi !
Parler enfin : je n’ai pas dit un mot ce matin.

On me dit : On ne t’embrasse pas.
On me dit : Tu veux un café ?
On me dit : Si tu veux, tu peux rester.
On me dit : Si tu ne veux pas, on comprendra.

Voilà ma consigne : faire comme je veux !
Rentrer à Paris : quitter Montauban ?
Ou rentrer chez moi : dans cet appartement ?
Je m’y plais : c’est presque luxueux.

Je ne suis pas chez moi : je suis en résidence.
Montauban : provisoirement j’y habite.
Je suis écrivain : je serai ermite.
Je suis confiné : pour écrire, serait-ce une chance ?

Antonin Crenn, en résidence à Montauban, 19 mars 2020