Rimming sans rime

Il hésite se lâche,
la raie s’écarte vers son trou,
et moi surpris qu’il offre
bée à mes lèvres cette rose,
j’hésite mais pas trop
et m’enfouine dans son giron.
C’est là que pulse et brille
le clou des joyaux de la nuit.

Les yeux fermés, au bord
jaloux de ce repli, je reste
bouche à marge abouchée,
langue tendue langue pressée
comme un lapin bondi
d’entre les fleurs d’une lettrine.
Je fouille en nage et glisse,
et c’est la chute, je m’enfile
où bâille vibre et pulse
le garant pur de ce poème.
Mais pas de fond au trou
pour l’ardente langue en plongée,
pas de fond à ce puits
que rivent deux miches salées.

Bouche à saillante bouche
qui aimerait bouffer la mer,
arrimé à l’étoile,
je tète la rose musclée.
J’ouvre les yeux, ça tremble
et ça m’agite le palais :
Est-ce un cul ou des seins ?
Qu’importe ! L’envers fait écrire.
Et moi léchant tétant,
bébé revenu à sa source,
je m’enfouis dans la friche
de ce confondant à rebours.

Patrick Autréaux